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Salon du livre Chaumont mai 2024 -Éditions Douro - Parc Philippe Lelbon.
Salon du livre Chaumont mai 2024 -Éditions Douro - Parc Philippe Lelbon.
Xavier Forneret (1809-1884) - considéré comme un précurseur du Surréalisme par André Breton.
Ce poème apparaît dans le roman L’Énigme du portrait infidèle - Éditions Complicités.
"Un pauvre Honteux
Il l'a tirée
De sa poche percée
Et l'a mise sous ses yeux:
Et l'a bien regardée
En disant "Malheureux"
Il l'a soufflée
De sa bouche humectée:
Il avait presque peur
D'une horrible pensée
Qui vint le prendre au cœur.
Il l'a mouillée
D'une larme gelée
Qui fondit par hasard:
Sa chambre était trouée
Encore plus qu'un bazar.
Il l'a frottée
Ne l'a pas réchauffée,
A peine il la sentait:
Car, par le froid pincée
Elle se retirait.
Il l'a pesée
Comme on pèse une idée.
En l'appuyant sur l'air.
Puis l'a mesurée
Avec du fil de fer.
Il l'a touchée
De sa lèvre ridée. -
D'un frénétique effroi
Elle s'est écriée:
dieu embrasse moi!
Il l'a baisée
Et après l'a croisée
Sur l'horloge du corps,
Qui rendait, mal montée
Des mats et lourds accords.
Il l'a palpée
D'une main décidée
A la faire mourir
- Oui c'est une bouchée
Dont on peut se nourrir.
Il 'a pliée
Il l'a cassée;
Il l'a placée,
Il l'a coupée,
Il l'a lavée,
Il l'a portée,
Il l'a grillée,
Il l'a mangée.
Quand il n'était pas grand,
on lui avait dit:
- Si tu as faim, mange un de tes mains."
Une idée tout à fait saugrenue me suggéra d'observer mon gros matou...On prête de tels pouvoirs magiques aux chat, cet être aux neuf vies, surtout s'il est( noir...Soudain, un soir, je perçus une étrange lueur dans son regard, un signe dont il me fallait comprendre le sens. Cette nuit-là, un peu agitée, comme pour m'apaiser par un charme , une épigramme d'Isaac de Bansérade me visita:
"Je mourrai de trop de désir,
Si je la trouve inexorable;
Je mourrai de trop de plaisir ,
Si je la trouve favorable.
Ainsi je ne saurais guérir
De la douleur qui me possède;
Je suis assuré de périr
Par le mal ou le remède
...Il y avait un lien certain entre l'épigramme et la lueur: Marie-Madeleine Kechko-Goupil, l'higoumène du monastère de la Dormition.
Guéorgui adorait Salonique, une grande ville cosmopolite, juive, chrétienne, musulmane et tzigane, qu'il découvrait transformée à chaque voyage. D'anciens quartiers aux maisons de bois disparaissaient dans les incendies et renaissaient, rebâtis en immeubles de pierre. Là où auparavant serpentaient des ruelles, on traçait de larges avenues. Une métamorphose impressionnante. mais il préférait la vieille cité orientale et ses venelles entremêlées, sinueuses et sales. Il aimait les rudes odeurs et les bruits qui émanaient de la vie quotidienne....
Des navires de toutes sortes étaient amarrés là. D'imposants vaisseaux cuirassés du Sultan, aux trois hauts mâts,à la volumineuse cheminée, à la proue en éperon, aux tourelles abritant des canons; des vapeurs marchands, à roues ou à hélices; de grands voiliers de charge; de petits caboteurs à la voilure triangulaire; de pauvres embarcations de pêche aux voiles rapiécées...
Cinq écrous sur un fond bleu est un récit inspiré par une oeuvre d'art moderne découverte au Rijksmuseum d'Amsterdam hors des salles d'expositions.
"Le capitaine Frans Banning Cocq de La Ronde de nuit les toisait avec dégoût comme s'ils étaient d'infects intrus. Ses arquebusiers devant lesquels il se pavanait, ostensiblement indifférents pour cacher leur désapprobation, discutaient entre eux ou fourbissaient leurs pétoires. Son lieutenant, Willem Van Ruytenbuch, détournait son regard affligé.
La Laitière, très attentive au lait qu'elle versait de sa cruche, ainsi que le voulait Vermeer, semblait ne pas prêter attention mais paraissait au bord de la distraction et de la maladresse.
Que faisaient donc au Rijksmuseum d'Amsterdam ces Cinq écrous sur un fond bleu? De gros écrous d'une incroyable laideur,tachés de peinture verte, avec des traces rouges de minium et dont les éraflures, causées par des outils brutalement manié étaient rongés par la rouille. Et le fond bleu, un bleu évasif comportait des tons entremêlés, allant d'un bleu verdâtre à vous chavirer le cœur jusqu'à un sinistre bleu sombre.... "
"Assise dans un fauteuil, Hortense-Eugénie, l'épouse du maire, lisait un drame d'Alfred de Vigny: La Maréchale d'Ancre. La tête légèrement inclinée vers l'avant, son abondante chevelure châtain-roux sagement maintenue par une résille noire, son profil perdu bougeait doucement dans le contre-jour selon le rythme de sa respiration et les émotions de sa lecture..."
....(son époux le maire)...
" C'était un personnage plutôt déroutant. D'une lignée de rudes paysans, il avait hérité une constitution de laboureur. mais il n'avait jamais travaillé la terre. C'était un homme râblé tout en courbes. Quelques lignes bombées croquaient sa tête quasiment chauve du crane au menton. Un demi-cercle de cheveux bouclés se prolongeait par des favoris touffus. Son cou musculeux paraissait engoncé dans ses larges épaules arrondies. L'ample poitrail semblait contenir des poumons destinés à soutenir de longs travaux de force. Il était aussi sensiblement pansu mais rien d'adipeux en lui. Curieusement ses courtes et robustes jambes dont la taille semblait bien disproportionnée par rapport au corps qu'elles supportaient, donnaient l'impression d'abaisser notablement le centre de gravité de l'homme afin de lui assurer une assise plus ferme"
En Slovénie, une rencontre au château troglodyte de Predjama, repaire du chevalier brigand Érasme de Predjama.
"Darina me présenta à un bizarre individu, bossu et squelettique...
...Cet homme me déplut dès le premier abord. Tout était sinistre en lui. Son visage, gribouillis de rides, ne révélait rien de son sentiment à mon égard, mais ses yeux enfoncés laissaient filtrer un regard chafouin qui me mit mal à l'aise. Il portait une redingote, sorte de soutanelle,qui lui donnait l'aspect d'un ecclésiastique. Son long torse étroit, ses jambes grêles à en croire le pantalon qui flottait autour d'elles, sa bosse, faisaient penser à un échalas trop fluet que le vent aurait courbé...
...Sur mes gardes derrière lui, je gravis péniblement les marches inégales et glissantes. Son dandinement grotesque dans la montée, à cause des faiblesses de ses jambes et de son souffle, ne me distrayait pas. Bien au contraire, ce paroissien-là n'était pas risible."
Un colibri dans nos parages? Curieux! Mais non. C'est une œuvre de rue sur un transformateur.
Romans
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TristanCorbière (1845-1875)
Guitare
Je sais rouler une amourette
En cigarette,
Je sais rouler l''or et les plats !
Et les filles dans de beaux draps.
Ne crains pas de longueurs fidèles :
Pour mules mes pieds ont des ailes ;
Voleur de nuit, hibou d'amour,
M'envole au jour.
Connais-tu Psyché ? - Non ? - Mercure ?
Cendrillon et son aventure ?
- Non - Eh bien ! tout cela c'est moi :
Nul ne me voit.
Et je te laisserais bien fraÎche
Comme un petit Jésus en crèche,
Avant le rayon indiscret...
- Je suis si laid !
Je sais flamber une cigarette,
Une amourette,
Chiffonner et flamber les draps, Mettre les filles dans les plats !
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Ce poème de Tristan Corbière apparait dans mon roman L'Enigme du portrait infidèle - Editions Complicités - Des vers désabusés, mais d'un humour grinçant, en lien avec l'atmosphère d'un foyer.